Échec
Parfois, même en sachant ce qui est la bonne chose à faire, on décide de faire autrement. C’est ce qu’on fait avec les ceintures de sécurité, les régimes, les limites de vitesse, et en amour. Parfois, même, c’est ce qu’on fait avec les programmes de PEPY.
Récemment, l’un de nos programmes a subi un échec qui aurait été évitable, mais qui, nous l’espérons, nous aidera à mettre en place des systèmes qui nous éviteront de nous retrouver à nouveau devant des problèmes semblables.
Peut être avez vous entendu parler de notre programme Saw Aw Saw (SAS) , une branche de PEPY qui s’associe aux collectivités pour les aider à créer et implanter des façons pour améliorer leurs écoles primaires gouvernementales.
Afin de donner au programme une viabilité à long terme (cliquez ici pour savoir comment PEPY définit, en anglais, le terme viabilité : sustainability), SAS inclut une composante secondaire pour le développement de petites entreprises, fondée sur le principe que si les écoles arrivent à générer elles mêmes d’autres revenus, elles pourront les utiliser pour pourvoir à ce qui n’est pas fourni à leur école par leur gouvernement ou d’autres organisations de financement.
L’an dernier, l’une des écoles partenaires de SAS s’est lancée dans la culture de champignons. Elle a obtenu de bons résultats, car elle était le seul fournisseur local pour ces champignons; sa percée sur le marché s’est donc très bien passée. Avec le temps, toutefois, il lui est devenu difficile de trouver des spores de champignons, ce qui a entraîné l’abandon du programme.
Cette année, deux écoles ont décidé de lancer un programme de culture de spores, car les spores génèrent habituellement un profit net important, et cela leur permettrait d’aider les familles locales à cultiver elles-mêmes leurs champignons et améliorer la qualité de leur nutrition. L’idée semblait géniale!
Cependant, nous nous sommes investis hâtivement dans ce programme afin qu’il débute avant la fin de l’année scolaire. Nous n’avons pas suffisamment approfondi nos recherches ni supporté les communautés avec les outils et le réseautage nécessaires pour qu’elles puissent mener elles mêmes ces recherches, et nous ne disposions pas de l’expertise technique interne pour comprendre les embûches que comportait ce programme agricole.
L’une des sections du modèle de SAS offre un soutien pour les coûts reliés à la formation unique pour le développement en affaires. Nous avons donc délégué un représentant pour chacune des deux écoles à une formation sur la culture de champignons. Ce fut là notre seconde erreur importante, laquelle s’ajoutait à notre manque de recherche et allait tout à fait à l’encontre des leçons que nous avions déjà apprises :
Nous avons nous mêmes assumé tous les coûts inhérents à ce projet. Les comités de soutien aux écoles n’ont investi aucun argent dans le projet; seulement de leur temps. S’il s’agissait d’une mauvaise dépense, peu d’incitatifs les pousseraient à vouloir le démontrer ou à essayer de l’empêcher.
Également, nous n’avons délégué aucun membre du personnel de PEPY pour assister à la formation; pourtant, cela nous aurait aidés à comprendre le programme pour assurer sa continuité, et nous aurait peut être évité de gaspiller de l’argent sur de l’équipement inutile. Voyez vous, le principal élément pour cultiver les spores est un environnement de travail stérilisé. Nos recherches nous avaient permis d’apprendre les bases requises mais, avant d’inscrire des membres de la communauté à la formation, nous n’avions pas vérifié quels outils techniques, outre la formation, étaient nécessaires au succès du programme. Lorsque la communauté nous a fait la proposition d’assister à une formation sur la culture de spores, nous avons accepté cette proposition sans chercher à en savoir suffisamment sur la façon dont se déroulerait la formation.
Il s’avère que la formation portait en partie sur la méthode d’utilisation d’un des principaux outils pour la culture de spores. Cet équipement de stérilisation fonctionne, vous l’avez bien deviné, à l’électricité. Nous avions donc envoyé deux personnes habitant des communautés éloignées sans électricité à une formation pour apprendre comment utiliser un instrument électronique, et cela simplement parce qu’elles en avaient fait la demande.
C’était d’une grande négligence de notre part.
Apprentissage
L’une des leçons importantes qu’est venu renforcer ce processus provient du fait que, lorsque nous avons demandé aux membres de la communauté de retourner ces produits, ils s’y sont refusés; ils voulaient essayer de « mettre les machines sur des charbons ». Il va de soi que cette proposition, outre le danger qu’elle comportait, aurait représenté un gaspillage d’argent et d’équipement précieux. Pourquoi ne voulaient ils pas le retourner? En grande partie, c’est parce qu’ils ne l’avaient pas payé, puisque c’est nous qui l’avons fait. S’ils avaient dû prendre une décision mettant en cause leur investissement, il est fort probable que leur décision aurait été motivée par ses répercussions plutôt que par leur curiosité.
Le plan renoncera à la culture des spores; on cherchera probablement des sources d’approvisionnement en spores abordables et fiables, et les comités de soutien aux écoles pourront recommencer à cultiver des champignons pour soutenir leur programme éducatif. D’ici là, nous améliorerons notre système de recherche et de prise de décision afin d’éviter ce type de problèmes à l’avenir.