Échec
Situation
L’équipe Entrepreunariat rural agricole (ERA) a décidé de se jumeler avec une fédération qui était, de prime abord, ouverte au changement et qui possédait un réseau très étendu de syndicats affiliés partout au pays. Le personnel des programmes africains (PPA) devait être jumelé avec des syndicats provinciaux pour soutenir l’implantation et l’amélioration de l’approche du « Conseil à l’exploitation familiale », projet pour lequel un donateur avait versé des fonds à la fédération.
Le processus de sélection des partenaires syndicaux a commencé par une pré sélection, par des dirigeants de la fédération, de sept syndicats réputés pour leur fort dynamisme au sein de la fédération. Le chef de l’équipe ERA a mené sa propre évaluation des syndicats par le biais d’un questionnaire et d’une visite des installations. Puis, les points de vue et les recommandations ont été discutés. Même si la sélection finale des syndicats a été laissée entièrement à la discrétion du conseil d’administration de la fédération, ce choix a rejoint les recommandations faites par le chef de l’équipe ERA.
Ce qui en est ressorti
Un membre du PPA a été mis en place dans un minuscule syndicat situé dans un village. C’était un fait bien connu que ce syndicat était faible; toutefois, son président était réputé être plutôt dynamique, et il avait déjà été vice-président de la fédération. On espérait qu’avec l’assistance du PPA, le président pourrait apporter des améliorations draconiennes au rendement du syndicat. Les faiblesses du syndicat sont devenues péniblement apparentes très tôt lors du placement. Le comité directeur se mobilisait très peu et le personnel sur le terrain était faiblement motivé et dépendait beaucoup du président, qui était souvent à l’extérieur. En cherchant à stimuler certains membres du syndicat, le PPA a commis l’erreur de prendre l’initiative sans tenir compte de l’ordre hiérarchique instauré dans le syndicat. Ensuite, frustré par le progrès qui tardait à se faire sentir, le PPA a exprimé des doutes sur le succès de ce partenariat.
À ce stade du processus, le PPA et la direction de l’équipe ont procédé à une réévaluation de l’approche stratégique utilisée afin de susciter des changements de comportement chez le président et de modifier le système organisationnel dans le syndicat. Une série d’actions précises a été déterminée afin de vaincre les difficultés rencontrées. Ces difficultés ont également été apportées à l’attention des dirigeants de la fédération, qui ont donné leur point de vue et fait leurs recommandations.
En dépit de l’adoption d’une stratégie adaptée, le syndicat progressait peu. La présidente s’est braquée lorsque le PPA lui a fait valoir les bienfaits d’encourager l’initiative et le dynamisme parmi les membres du syndicat. Elle percevait ces activités comme une menace au contrôle et au pouvoir qu’elle détenait sur le syndicat.
Encore une fois, ces difficultés ont été apportées à l’attention de la direction de la fédération, mais ses discussions privées ultérieures avec la présidente au sujet de son style de direction et son mode de gestion de son syndicat n’ont entraîné aucune modification de son comportement. On a donc décidé, de façon unanime, de réduire l’implication du PPA auprès du syndicat à un partenariat à temps partiel.
Le principal défi de ce processus de réévaluation de placement était de limiter son impact négatif sur d’autres placements au sein de la fédération. En fin de compte, la confiance en l’équipe qu’avait la présidente du syndicat a été ébranlée, ce qui a eu des répercussions sur sa relation avec la fédération.
L’échec
Ici, l’échec comportait trois volets.
Échec, volet 1
La décision des coéquipiers de l’équipe d’améliorer la relation de l’Entreprenariat rural agricole (ERA) avec la fédération a été prise sans bien évaluer combien des syndicats de la fédération étaient effectivement ouverts et motivés au changement.
Échec, volet 2
La présidente a été considérée comme le facteur principal du succès. La présidente avait la réputation d’être dynamique et d’avoir une volonté de fer. En jumelant ces qualités avec son enthousiasme à faire équipe avec ISF, on a évalué, à tort, qu’elle était candidate potentielle au changement organisationnel au sein de son syndicat.
Échec, volet 3
Le chef d’équipe n’a réagi qu’au bout de deux mois, ce qui a été frustrant pour le PPA.
Apprentissage
Recommandations et leçons tirées avec le recul :
- Diagnostics des partenaires :
- Il faut établir des critères d’élimination pour la sélection de partenaires. Il faut communiquer, clairement et explicitement, les attentes des partenaires et du PPA ainsi que les conséquences advenant que celles ci ne soient pas remplies.
- Il faut déplacer les points de vue pour bien comprendre quelles motivations sont en jeu dans un partenariat. Les environnements politiques interne et externe ainsi que les relations hiérarchiques doivent être pris en compte.
- Les sources de renseignements concernant les partenaires possibles doivent être diversifiées. Il faut rechercher des sources indépendantes qui interagissent avec le partenaire afin de valider les renseignements selon plusieurs angles de perspectives.
- Conception des stages :
- La conception des stages devrait intégrer une flexibilité quant au respect des objectifs, de la durée du partenariat et du temps investi (temps plein ou temps partiel). Cette flexibilité se fonderait sur le critère de rendement tel que communiqué au partenaire et au PPA au début du placement.
- Il faut établir une phase exploratoire pour évaluer en profondeur les critères qui feront qu’on aille ou non de l’avant. Les activités se déroulant au cours de cette période devraient avoir pour but l’évaluation de la motivation du partenaire à changer et l’évaluation de son degré de collaboration et d’interaction avec le PPA.
- Les placements pour des partenariats nouveaux ou impliquant des défis majeurs doivent être de moins d’un an. Au terme d’une phase exploratoire, si celle ci est positive, les objectifs minimaux et les attentes établis par le PPA et le partenaire devraient servir de points de repère pour ensuite réévaluer, au bout de périodes variant entre un et trois mois, si les placements seront maintenus.
- Accepter comme une réalité la possibilité qu’un placement soit terminé prématurément si les arguments le justifiant sont appuyés par des renseignements neutres et concrets. Prendre en considération l’environnement politique et suivre les étapes nécessaires afin d’établir au mieux des relations saines avec le partenaire.